Jardins-forêts, un nouvel art de vivre et de produire
Les jardins-forêts en milieu tempéré restent à inventer ! S’appuyant sur des retours d’expérience menée par le réseau Forêt gourmande sur une plaine de la Bresse bourguignonne, Fabrice Desjours renseigne sur les techniques de conception comme sur les flores associées en jardins-forêts selon les climats.
L’auteur vient nous (ré)apprendre qu’une forêt n’est pas faite que d’arbres, mais aussi d’arbustes, de lianes, de buissons, de mousses, d’herbes, d’insectes et de petits mammifères. Que les plantes ne sont pas toutes équivalentes, que certains arbres préfèrent venir au soleil alors que d’autres ne veulent que la pénombre humide des sous-bois, que certaines espèces ont une vie fulgurante alors que d’autres s’installent pour durer. Que les plantes dites « invasives » sont avant tout des plantes cicatrisantes et que certaines peuvent être « sacrificielles » : n’être là que pour rendre possible l’avenir. Que la forêt change dans le temps, constamment.
Fabrice Desjours est aussi, résolument, un enfant de son siècle : puisque la mondialisation est là, profitons-en pour tester des espèces « exotiques » : à côté des comestibles que nous avons depuis longtemps acclimatés (nos pêchers, nos abricotiers, nos tomates, nos aubergines, plus récemment nos kiwis), fruitiers forestiers d’Amérique du Nord ou lianes de Chine ne peuvent qu’enrichir l’agroforêt tempérée d’Europe. Et Fabrice détaille dans son ouvrage toute une liste d’arbres, d’arbustes, d’herbes et de lianes qui sont à notre disposition, mentionnant leurs préférences en termes de lumière, de sol et d’entretien.
Toute une partie du livre est consacrée à la conception pas à pas du jardin-forêt, depuis son architecture globale jusqu’à celle de chacune de ses strates (sans oublier les champignons), avec des conseils sur la façon de gérer les prédateurs, c’est-à dire la façon non pas de les éradiquer, mais de maintenir leur population à un niveau acceptable : « Le problème n’est pas leur présence mais la surpopulation. Ainsi, quelle que soit l’espèce problématique, la solution reste la même : recréer des chaînes alimentaires complexes qui conduiront à un équilibre des populations. »