La Ferme Hoeffel
Un ferme qui mise sur la litière en plaquette et le fumier composté
Informations générales
- Élevage
- Grandes cultures
- Bovins
L'exploitation
En 1957, le père d’Ernest Hoeffel débute l’élevage de Charolaises et recherche une ferme avec un potentiel de pâturage important. Il s’installe alors, en 1966, sur les terres qu’Ernest et sa compagne Corinne occupent encore aujourd’hui, à Walbourg.
Dans cette région peu dynamique du point de vue agricole, la famille d’Ernest s’est lancée dans le défrichage des terres et leur remise en état, tout en maintenant les fossés, les haies et les ripisylves déjà en place. Ces haies sont encore très efficaces aujourd’hui grâce à l’entretien réalisé.
Certaines ont pris une belle ampleur et sont devenues des haies conservatoires de biodiversité auxquelles s’ajoutent 6 espaces de quiétude en libre évolution, d’une surface allant de 3 à 40 ares, disséminés sur le domaine.
La ferme en agriculture biologique et en agroforesterie dispose d’un élevage de 280 Charolaises dont 100 mères reproductrices. Ernest s’est spécialisé dans la sélection et Corinne s’est investie dans la mise en place de nouvelles pratiques sur la ferme telles que l’épandage de fumier composté ou encore la production de litière plaquette bois + paille en “millefeuilles”.
La démarche
Avec l’arrivée de Corinne sur la ferme, il y a une douzaine d’années, les pratiques ont évolué. La ferme a été convertie en agriculture biologique et les maîtres-mots sont aujourd’hui : agroforesterie, compostage et biodiversité. Ernest et Corinne cherchent à “cultiver autre chose et autrement” pour s’adapter aux changements liés au réchauffement climatique.
La porte d’entrée a été le compost. Ernest et Corinne ont épandu le fumier composté au lieu de l’épandre pur pour limiter les dégâts de sangliers. Puis, la démarche s’est poursuivie par un changement des cultures, marqué par le passage du maïs et du blé à un méteil complexe, un épeautre ancien et des blés rustiques associés, ainsi que des mélanges herbeux (trèfle + moha) et luzerne, pour nourrir les Charolaises. L’objectif est de viser l’autonomie alimentaire du troupeau, ce qui est le cas dans cette configuration.
Avec les sécheresses des années 2020, Ernest et Corinne ont également commencé à tailler les haies pour nourrir les animaux à partir de la mi-août. Ce fourrage ligneux a des vertus reminéralisantes et vermifuge et donnent entièrement satisfaction à l’éleveur.
Les branches restantes servent à fabriquer de la litière plaquette. Aujourd’hui, Ernest et Corinne ne peuvent plus s’en passer, compte tenu de l’efficacité de ce type de paillage, tant du point de vue de la propreté et de la santé du troupeau, que de l’hygiène dans l’étable : ni odeur, ni ammoniac.
À propos de cette ressource ligneuse présente sur la ferme, leur objectif, tout en continuant de planter de nouvelles haies, consiste surtout à régénérer les haies et ripisylves anciennes, déjà présentes, en travaillant l’entretien. Ils sont également amenés à réaliser quelques replantations dans les endroits dégarnis : tilleuls, noyers, merisiers, cormiers, pommiers et poiriers sauvages, etc…
Les spécificités des systèmes agroforestiers
Les Charolaises de la Ferme Hoeffel se nourrissent des fourrages ligneux issus de l’entretien des haies, mais aussi des cultures réalisées sur la ferme. Corinne et Ernest cultivent un méteil complexe constitué d’un mélange de 7 variétés en mélange : 5 céréales (épeautre, seigle, triticale, avoine et blé) et 2 légumineuses (pois et vesce).
Le couple produit également une variété ancienne d’épeautre riche en vitamine B9, qui pousse la reproduction des vaches, et développe, chez les veaux qui s’en nourrissent, un bon système de rumination et un squelette bien solide. Plus récemment, Ernest et Corinne ont repris la culture de maïs, de colza et de 4 blés anciens associés, sans traitement, avec seulement épandage de compost de litière plaquette bois + paille dans les champs. C’est le seul engrais utilisé à la ferme.
La litière en millefeuille est construite comme suit : 1 couche de plaquette bois pour 3 couches de paille. La litière est regarnie quotidiennement. Le fumier est sorti toutes les 6 à 8 semaines avant d’être composté puis épandu 15 jours avant les semis ou au printemps sur les prairies.
Les vaches pâturent aussi dans les prairies permanentes et sont nourries de luzerne, des mélanges d’herbe et de trèfle, de foin, et plantes médicinales abondantes dans les foins issus de prairies NATURA 2000 non amendées depuis 30 ans.
La Ferme Hoeffel dispose également de ripisylves au bord des cours d’eau qui traversent le domaine, bénéfiques pour la biodiversité. On y retrouve des saules, des aulnes et des prunelliers. Concernant l’entretien, ils sont recépés tous les 8 à 10 ans et participent à la production de litière plaquette. Certains feuillus composant les haies de l’exploitation sont taillés en têtard pour permettre leur rajeunissement. Ces “fontaines à bois” vivront ainsi 4 fois plus longtemps.
À propos du fumier composté, il est principalement épandu sur les terres de culture, mais également sur les prairies temporaires et, en rotation, sur quelques prés permanents, parce qu’il faudrait en produire davantage pour en mettre partout.
L’objectif d’Ernest et Corinne est de continuer à réaliser des conférences sur l’agroforesterie, des visites de la ferme et de leur système d’élevage, de partager leur expérience et de témoigner de leurs pratiques pour ainsi participer à leur déploiement.
En 2024, la ferme s’engage dans l’obtention du “Label Haies” et dans le Programme “Fermes engagées pour la biodiversité” avec la LPO (ligue pour la protection des oiseaux).