La Ferme de Pierre Pujos
Une alliance entre cultures céréalières et élevage ovin
Informations générales
- Élevage
- Grandes cultures
- Ovins
L'exploitation
Pierre Pujos est installé à Saint-Puy dans le Gers depuis 1998. Cela fait 25 ans qu’il produit des céréales en agriculture biologique sur des coteaux secs, dégradés et sensibles aux sécheresses. Ce sol argilo-calcaire subit environ 75 jours de sécheresse par an et dispose d’un faible taux de matière organique.
Face à ces sécheresses et pour lutter contre l’érosion, l’agriculteur a décidé de planter des alignements d’arbres sur ses parcelles de grandes cultures. De plus, il a choisi d’allier les cultures céréalières à l’élevage ovin.
L’objectif de la présence des 200 brebis de race Tarasconnaise composant le troupeau sur les parcelles, est d’améliorer la fertilisation du sol. Pour éviter le surpâturage, Pierre a mis en place un système de pâturage itinérant. Le troupeau n’est pas sur la ferme toute l’année et part pâturer à différents endroits, entre le Gers et les Pyrénées.
La démarche
Pierre a remarqué les répercussions du changement climatique sur ses cultures et a décidé d’ajuster ses pratiques pour mieux s’adapter, et anticiper les futurs défis climatiques. Premièrement, il a opté pour l’agroforesterie et a entrepris la plantation d’arbres sur une vingtaine d’hectares en suivant les courbes de niveau. Cela permet de mieux retenir l’eau et de garantir une meilleure infiltration dans le sol.
La présence d’arbres favorise la biodiversité, les auxiliaires et les pollinisateurs, comme les couverts végétaux que Pierre a fait le choix d’intégrer sur sa ferme. Pour compléter la démarche, l’agriculteur a également stoppé l’utilisation d’engrais sur les cultures depuis 2004, et a arrêté de labourer la terre.
Il est allé plus loin, en introduisant un troupeau dans le système. L’objectif est d’accompagner l’action des couverts végétaux en faveur de la fertilité des sols et de valoriser les coteaux gersois peu productifs de la ferme.
Le choix s’est porté sur les brebis de race Tarasconnaise car les ovins sont des animaux légers qui ne tassent pas les sols. Les brebis de Pierre vivent à l’extérieur toute l’année, cette race rustique pyrénéenne est donc particulièrement adaptée. Les arbres au milieu des parcelles permettent aux brebis de s’abriter. La nuit, elles trouvent refuge dans les bois adjacents aux zones de culture.
Au début du projet, un berger a été installé sur l’exploitation. Au bout de 3 ans de collaboration, après le départ du berger, Pierre est devenu éleveur, en plus de son activité de céréalier.
S«J’ai réalisé que cultiver des céréales sur les hauts des coteaux, où les sols sont pauvres, très érodés et peu productifs, n’était pas rentable. J’ai donc décidé d’y faire pâturer des ovins, introduisant l’élevage sur ma ferme.
»
- agriculteur
Les spécificités des systèmes agroforestiers
Sur ses parcelles, Pierre cultive 7-8 espèces de céréales et des cultures d’été (lin, lentille, pois chiche, etc.). Il a choisi de minimiser le travail du sol. Quelques opérations seulement sont réalisées : déchaumage, semis et récolte. La priorité est donnée au semis direct. Il utilise également des couverts végétaux en été et en hiver. Dans les parcelles en agroforesterie, on retrouve différentes essences : merisier, frêne, noyer, érable, sorbier, alisier ou encore poirier.
Concernant l’introduction du troupeau de brebis dans le système, il a nécessité l’achat d’équipements tels que des abreuvoirs, un parc de contention acheté à plusieurs, des clôtures, etc. Tous ces équipements sont mobiles.
Le troupeau de brebis pâture ponctuellement les couverts et certaines cultures. Elles ne sont pas présentes toute l’année sur l’exploitation et le surpâturage est évité. En hiver, le troupeau part pâturer 44 ha de pruniers à 25 km de la ferme. A partir du mois de mai, 70 à 80 % du troupeau (les reproducteurs) part en estive pendant 4 mois. Ce déplacement donne lieu à une transhumance de 3 semaines. Le reste des brebis, réformées et/ou destinées à la vente, restent dans le Gers à pâturer les luzernières.
Par ailleurs, le troupeau pâture également ponctuellement des vignes et des couverts voisins. Il suit donc la pousse de l’herbe et se nourrit grâce au pâturage. L’agriculteur ne fournit ni foin, ni grains à ses animaux. Il ne dispose pas non plus de bâtiment fixe.
L’objectif de Pierre est de produire, à l’aide des arbres plantés au sein des parcelles, du bois d’œuvre dans plusieurs dizaines d’années.