Agroforesterie et vignes
L'arbre et la haie au service du vignoble
L’agroforesterie en viticulture, fréquemment appelée vitiforesterie, répond aux enjeux actuels de durabilité de la filière.
L’agroforesterie en viticulture, une pratique universelle ?
L’agroforesterie concerne tous les vignerons, qu’ils soient en agriculture biologique ou conventionnelle, coopérateurs ou indépendants, en circuits courts ou en circuits longs.
La vitiforesterie est une réponse à la problématique posée par le changement climatique en viticulture (degré d’alcool des vins qui augmente, déséquilibre de l’acidité, pertes de rendements…). L’arbre et la haie associés à la vigne ont des intérêts certains : création d’un microclimat protégeant la vigne des aléas climatiques, amélioration des taux de matières organiques dans les sols et des bilan hydriques, structuration d’habitats pour la biodiversité (avifaune sauvage et arthropodes qui vont réguler les ravageurs et offrir des services de pollinisation), fourniture de biens et services au viticulteur et à la société (fruits, produits bois…).
La vigne, une liane domestiquée
La vigne est une plante sociale, qui tient ses origines sauvages de Vitis vinifera sylvestris, membre d’un écosystème forestier complexe : la vigne des bois. Cette vigne a continuellement co-évolué avec l’arbre et les différentes espèces végétales et animales du système forestier.
L’agroforesterie et la vigne : une relation historique
Dans son histoire de plante cultivée, la vigne a longtemps été associée dans des systèmes complexes inspirés des forêts.
- L’Arbustra dans l’Antiquité, les Hautains en France ou Piantatas en Italie : Système de conduite de la vigne dans un palissage formé par des arbres
- Les Jouales dans le Sud-Ouest de la France : Association de Vignes / Arbres fruitiers / Cultures légumières / Cultures céréalières
- Les Oulières en Provence ou Colturas promiscuas en Italie : Association de Vignes / Céréales / Oliviers
Aujourd’hui, la monoculture de la vigne est le système dominant. Cependant, lorsqu’une vigne se retrouve en milieu peu mécanisé, il est fréquent qu’elle soit encore associée à des arbres ou des haies.
Une transition du sol au paysage
La pratique d’une viticulture durable avec une végétalisation maximale du vignoble a des impacts positifs sur l’environnement, permettant de réduire les pollutions du milieu (éléments fertilisants et/ou phytosanitaires) ou tout simplement de diminuer le recours à des produits insecticides et herbicides.
Cette pratique passe par la mise en place de couverts végétaux en vigne ainsi que par la (ré)introduction d’arbres et de haies en bordure ou au sein des parcelles viticoles.
Cette approche systémique « du sol au paysage » a par ailleurs de nombreux avantages en terme de biodiversité (contrôle des ravageurs) et d’optimisation des ressources disponibles (eau, énergie lumineuse).
Cette viticulture régénératrice permet aussi une amélioration significative du bilan carbone de la filière (stockage dans la matière organique et dans la biomasse sur pied, réduction du travail du sol).
L’agroforesterie et la vigne : quels aménagements ?
Une infinité d’aménagements agroforestiers peuvent s’envisager en viticulture, la seule limite étant l’imagination et l’audace du viticulteur, en adéquation avec son contexte donné.
Quelques exemples :
- Système viticole bocager : parcelles de vignes entrecoupées et entourées d’un maillage de haies champêtres,
- Arbres plantés sur des rangs intercalaires des rangs de vigne,
- Arbres implantés sur les rangs de vigne, intercalés entre les ceps et surplombants la vigne,
- Arbres implantés sur les rangs de vigne, intercalés entre les ceps et maintenus bas par une taille de type trognage.
Les essences associées à la vigne peuvent être variées, fruitières ou forestières, en fonction du contexte (sol et climat).
Quelle image de la vigne associée à des arbres et des haies ?
La valorisation commerciale du produit est omniprésente dans la filière vitivinicole. L’image est primordiale, et la démarche agroécologique est incontestablement une voie de communication à utiliser pour valoriser au mieux sa production.
La valeur paysagère ajoutée des systèmes vitiforestiers est en elle-même un argument de vente. Le développement de l’œnotourisme est aussi un levier important de valorisation et de vulgarisation des pratiques durables auprès du grand public.