Agroforesterie : quels avantages et inconvénients ?

Paysage agroforestier

Les 7 avantages de l’agroforesterie

Pour répondre aux défis de l’agriculture du 21e siècle, l’agroforesterie est une alliée de taille.

Parfois nommés « bienfaits », « bénéfices » ou « services », les avantages procurés par l’agroforesterie sont nombreux et complémentaires.

Vaches dans prairie ombragée

1. Création d’un micro-climat à l’échelle des parcelles

Dans les parcelles agroforestières, l’arbre joue le rôle d’un climatiseur réversible. Il permet de diminuer la température de l’air jusqu’à 5°C en été, mais aussi de protéger les cultures du gel en hiver.

La création d’un micro-climat au niveau des parcelles agricoles et des pâturages permet de sécuriser les productions et de garantir le bien-être animal. Les arbres et les haies agricoles permettent en effet de modérer les extrêmes, tant en hiver qu’en été, dans un contexte où ces épisodes sont de plus en plus fréquents.

Les arbres jouent aussi un rôle de brise-vent et apportent l’ombre nécessaire pour limiter les besoins en eau des végétaux. Leur réseau racinaire profond remonte également l’humidité vers la surface et améliore le bilan hydrique de la parcelle sur laquelle ils sont implantés.

Le micro-climat généré par les pratiques agroforestières est une réponse aux défis majeurs auxquels sont confrontés l’agriculture et les Hommes.

Mains portant de la matière organique

2. Conservation des sols et de la fertilité

La matière organique a une place extrêmement importante dans le fonctionnement de l’écosystème du sol. Elle fournit de l’énergie aux décomposeurs (vers de terre, bactéries, champignons…) qui se chargent de la convertir en substances nutritives pour les plantes. Elle contribue également à la construction et à la stabilité de la structure des sols, au stockage du carbone et à la gestion de l’eau.

Ces dernières décennies, les taux de matière organique dans les sols européens ont fortement diminué, principalement à cause des pratiques culturales. Les arbres s’avèrent être de véritables alliés dans cette situation puisqu’ils restituent de la matière organique via les feuilles qui tombent au sol et la décomposition de leurs racines. 40 % de la biomasse racinaire d’un arbre retourne au sol chaque année.

Par ailleurs, les racines aussi structurent le sol, facilitant le stockage de l’eau et augmentant l’activité biologique. L’agroforesterie contribue donc à entretenir la fertilité – physique, chimique et biologique – des sols.

3. Régularité des rendements agricoles

L’un des avantages majeurs de l’agroforesterie est également d’optimiser la production agricole associée, notamment en contexte climatique extrême. En associant arbres et cultures, il est possible de produire mieux (plus régulièrement) tout en limitant le recours aux intrants. L’agroforesterie contribue ainsi au développement de pratiques agricoles plus durables.

L’agroforesterie est adaptée aux principaux systèmes de production : grandes cultures, maraîchage, viticulture, arboriculture, élevage ovin, bovin, volailles… Tous les éleveurs, agriculteurs, viticulteurs ou encore maraîchers peuvent se l’approprier.

Champ agroforestier

4. Préservation de la ressource en eau

Il existe plusieurs catégories de masses d’eau : les eaux de surfaces continentales (ex : rivières, fleuves, lacs…), les eaux côtières et de transitions (ex : estuaire) et les eaux souterraines. L’état de ces différentes masses d’eau est régulièrement mesuré. L’analyse s’intéresse à la fois à leur état chimique (substances présentes) et leur état écologique (impact sur la biologie). Pour les eaux souterraines, l’état chimique et l’état quantitatif sont évalués.

Selon Eaufrance, en 2019, 43,1 % des 11 407 masses d’eau de surface étaient en bon ou très bon état écologique ; et 44,7 % étaient en bon état chimique. Par ailleurs, 88 % des 689 masses d’eau souterraine étaient en bon état quantitatif ; et 70,7 % de ces masses d’eau étaient en bon état chimique.

La qualité des masses d’eau est étroitement liée à la présence d’arbres sur les berges des ruisseaux et rivières, mais aussi sur l’ensemble des bassins versants. ​​
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Arbres et arbustes maintiennent les taluscréent des milieux diversifiés et limitent l’érosion, donc les matières en suspension dans les cours d’eau, qui dégradent la qualité de la ressource. Les ripisylves  (bandes boisées de bords de cours d’eau) tempèrent les excès climatiques sur l’écosystème aquatique, et les racines des arbres limitent le transfert vers la rivière des éventuelles pollutions chimiques issues des parcelles avoisinantes. ​​
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À l’échelle des territoires, l’agroforesterie peut générer d’importantes économies en traitements des eaux.​

Ripisylve en Martinique

5. Stockage du carbone

L’agroforesterie contribue à améliorer le bilan carbone de l’agriculture de façon significative et durable. En effet, une parcelle agroforestière permet de stocker 1,5 à 4 tonnes de carbone par hectare et par an (source).

L’agroforesterie intervient dans la lutte contre l’accumulation de carbone atmosphérique via :​

• Le stockage de carbone dans 1) le bois sur pied 2) le bois d’œuvre utilisé à des fins de construction (planches, meubles, objets durables…) et 3) le sol, via la décomposition des feuilles et racines et la restitution de biomasse issue des cultures associées (production d’humus) ;​

• Le développement des énergies renouvelables au travers de la production de biocombustibles (bûches, plaquettes, granulés) ;​

• La réduction de la consommation d’énergie fossile, par la limitation de la dépendance aux intrants de synthèse (fertilisants, produits phytosanitaires) et le moindre besoin en travail du sol entre deux cultures (restauration de la fertilité).

 

haies agricoles
Abeille et fleurs blanches

6. Abri pour la faune sauvage

L’arbre est un véritable écosystème complexe, qui héberge tout un cortège d’espèces vivantes : mycorhizes, mousses et lichens, insectes, oiseaux, reptiles, amphibiens, petits mammifères… Toute une biodiversité qui, associée à l’arbre, profite de son réseau racinaire, de ses branches, de ses feuilles ou de son tronc comme support, ressource alimentaire ou habitat.

Ainsi, un des avantages de l’agroforesterie est de réintégrer la biodiversité dans et autour des parcelles agricoles, en créant des zones refuges et des zones de circulation qui améliorent la résilience globale des systèmes de culture aux maladies et ravageurs.​

Les paysages agroforestiers permettent également de favoriser la présence d’insectes pollinisateurs. Le rôle que ceux-ci jouent dans le maintien de la biodiversité et dans l’agriculture est primordial. En Europe, 84 % des espèces végétales cultivées dépendent directement des pollinisateurs. L’agroforesterie permet d’optimiser cette pollinisation toute au long de l’année.

Bois déchiqueté

7. Production de biomasse

L’arbre est un élément productif du paysage. L’entretien des arbres au sein et autour des zones cultivées ou d’élevage (alignements, haies, bosquets…) est parfois perçu comme un coût, alors qu’il peut être une source de revenu.​

Intégrer des arbres et arbustes dans l’agriculture permet de produire tout en protégeant les sols : lors des entretiens annuels, les arbres vont fournir du broyat, du bois bûche, du bois d’œuvre ou même des fruits qui peuvent être vendus ou autoconsommés sur la ferme.

Les arbres permettent de diversifier les sources de revenu sur l’exploitation. Un des avantages de l’agroforesterie est donc d’appuyer économiquement les agriculteurs et éleveurs et ainsi, de leur permettre d’envisager plus sereinement leur transition agroécologique.

Les inconvénients de l'agroforesterie

Moutons et hommes dans prairie

Pratique vertueuse aux nombreux bénéfices, l’agroforesterie a peu d’inconvénients à proprement parler. Cependant, des points d’attention sont à considérer avant de se lancer.

La mise en place de pratiques associant l’arbre et la haie à une production agricole ne s’improvise pas. La conception initiale du système, mais aussi sa gestion sur la durée conditionneront grandement la réussite du projet, et ne doivent donc en aucun cas être laissées au hasard.

Des savoir-faire et connaissances pointus sont nécessaires pour mener un projet agroforestier : analyse des éléments ligneux existants sur la ferme, choix des essences supplémentaires à implanter, en fonction du contexte pédo-climatique et des objectifs agronomiques de l’agriculteur, définition des bons aménagements, en fonction de la topographie et des usages attendus, etc.

Nous recommandons fortement aux agriculteurs qui souhaitent mettre en place une démarche agroforestière sur leur ferme de se faire accompagner par un technicien spécialisé.

Formation élagage avec Adrien Messéan

Les interventions de taille et d’élagage, la récolte périodique de bois, la mise en place et l’entretien des nouvelles plantations… toutes ces opérations peuvent apparaître comme un frein au développement des pratiques agroforestières. Néanmoins, au vu des bénéfices, le temps consacré à ces travaux et leur coût sont souvent rentabilisés au bout de quelques années (et ceci sans compter l’évolution à venir du contexte hydrique et climatique…).

Pour entretenir au mieux vos haies, arbres et infrastructures agroforestières, nous recommandons notamment aux agriculteurs de se former aux bonnes pratiques de taille et d’élagage. En agroforesterie plus encore qu’ailleurs, c’est la technique qui fait le résultat !

Enfin, un frein souvent cité par les agriculteurs est le financement des plantations. Pour faciliter la réintégration des arbres et des haies dans les fermes, de nombreuses aides publiques et privées sont disponibles. Notre Association pourra vous accompagner dans l’identification du cadre de financement adapté à votre projet. Le financement des plantations, notamment, est possible sous certaines conditions via le fonds de transition AFTER.

En conclusion, s’il est vrai que, comme tout changement de pratique, l’agroforesterie peut susciter des craintes dans la phase de transition, cette approche agricole durable recouvre peu d’inconvénients rééls.  Il faut garder à l’esprit que les projets agroforestiers sont des projets à conduire nécessairement sur le long terme, et que l’agroforesterie est un sujet en construction permanente grâce à tous les projets en cours sur le terrain. C’est la capitalisation des résultats issus des fermes et le partage des savoirs qui permettra d’accélérer le déploiement de ces pratiques essentielles à l’avenir de notre agriculture.