Pour arrêter les feux ? Revenir à la source…
L'agroforesterie peut-elle permettre de mieux gérer les forêts et atténuer le risque incendie ? Des pratiques innovantes sont à l'essai et ouvrent des perspectives intéressantes.
On vous avait bien dit qu’au niveau « #écologie », la sylviculture landaise, c’est comme l’élevage, il n’y avait rien de bon à en tirer ! Évacuation des villages, pertes économiques colossales et pertes écologiques encore plus grandes… Pompiers « à sec » et mobilisation générale des agriculteurs du coin pour leur venir en aide …
Cette fois c’est sûr, rien ne va plus… et les débats s’enchainent et se déchainent : « Quelle idée aussi, de faire de la monoculture d’arbres ? » « Et puis conifère, ça rime avec canadair, tout le monde le sait, quand même ?! » « La forêt va bientôt émettre plus de gaz à effet de serre que l’élevage, si on continue à tenter le diable, avec en prime ce climat, qui s’obstine à nous en vouloir…»
L’élevage, justement, un autre sujet tabou qui ne perd rien pour attendre…
Et si on essayait de remettre les idées dans l’ordre et chaque chose à sa place ?
D’abord : ce sont des éleveurs qui possèdent les tonnes à eau qui ravitaillent les pompiers. C’est très conjoncturel, mais c’est un fait : il y a en ce moment, dans ces territoires, un lien « vital » entre l’élevage (herbivore) et la forêt.
Très bien, mais au-delà de l’actualité et du buzz médiatique généré sur l’instant, l’élevage peut-il « servir » l’écosystème forestier ?
Regardons ça d’un peu plus près…
L’élevage maïs-soja des feedlots est bien sûr indéfendable. En revanche, un peu de nuance dans la réflexion permet d’entrevoir facilement des modes d’élevage régénératifs, imbriqués dans et avec une approche sylvicole elle-même potentiellement (très) vertueuse.
L’élevage (itinérant) peut répondre à de multiples enjeux forestiers…
L’herbivore bien géré en forêt peut notamment contribuer à :
Garder des pare-feux ouverts et clairs, voire constituer un maillage de pare-feux pâturés.
Une sorte de bocage « en creux », en somme… Un peu comme ce que faisaient nos ancêtres du Moyen-Âge en ouvrant des parcelles de forêt pour y faire passer les animaux (fourrageligneux), mais cette fois-ci avec une démarche structurée dans l’espace, qui réponde aux enjeux territoriaux actuels : prévention des incendies, maintien d’une économie agricole dans les territoires (viandedurable laitdurable), diversification des milieux et « autorégulation » de l’ensemble (résilience)…
Limiter l’embroussaillement sous les pins, par le pâturage du sous-bois.
D’ailleurs, l’Histoire des Landes est aussi pastorale ! Avant que les activités agricoles ne soient exclues des forêts, le pacage était la fréquentation forestière des ruminants, qui a ensuite été fortement réglementée par le code forestier…
Fixer du carbone par l’élevage, avec le pâturage tournant dynamique.
Pâturer au bon moment pour produire « plus d’herbe », c’est-à-dire plus de biomasse aérienne, mais aussi de racines et d’exsudats racinaires (le fameux « carbone liquide »). En quelque sorte, appliquer le principe du taillis ou de la trogne sur des graminées, pour un fourrage plus riche et plus poussant.
Bref, une démarche agroforestière intégrée, produisant du bois, du papier, des champignons, de la viande, du lait, de l’emploi… et même de la biodiversité ! On va s’arrêter là, faute de temps… Il y a tellement à faire sur le terrain…
Mais vous avez sans doute compris l’idée…
Produire, protéger, entretenir, optimiser, gérer, valoriser… c’est le « tout-en-un » de l’agroforesterie !
Les retours d’expériences et essais divers nous montrent clairement le champ des possibles (même si tout se passe en forêt). Il suffit « juste » de déployer…
Au total, la forêt des Landes compte de l’ordre de 5 000 km de pare-feux (plus ou moins bien entretenus, il faut l’avouer…). Cela représente la bagatelle de 25 000 ha…
Vous voyez où on veut en venir ?
Vous en rêvez ?
Faisons-le !